discographie
Quelques nouvelles du front - 2017
textes et extraits
La glace prenait dans les cordages
Gelait le pont, les bastingages
Le vent chantait l’oraison de l’équipage
Tout ça n’est que billevesées et balivernes
Billevesées et balivernes
Dans les cales hurlaient les sauvages
Le bruit des chaînes, le fouet, les cages
La nuit tombait, Satan était du voyage
Tout ça n’est que billevesées et balivernes
Billevesées et balivernes
Refrain :
Au diable les nuits d’ivresse
De chair, de ripailles
Adieu belles négresses Maasaï
Au diable les largesses
De l’ordre des canailles
Tout ça n’est que billevesées et balivernes
Billevesées et balivernes
La matûre n’était que bois mort
Sous lambeaux de toiles rouges et or
Le navire dansait comme un toréador
Tout ça n’est que billevesées et balivernes
Billevesées et balivernes
Refrain
Une vague l’a porté aux rocailles
Eclaté sa carcasse royale
Envoyé par le fond, esclaves et bétail
Tout ça n’est que billevesées et balivernes
Refrain (x3)
Pour peu qu’on nous mette dans la même tombe
Pour peu qu’on se prenne la même bombe
Il n’y aura pas de place pour tout l’monde
Déjà qu’à sept on s’marche sur les pompes
Chope le druide, le curé, l’imam
Kid’nappe un rabbin, détourne un shaman
Trouve-moi un tribun, qui pleure qui déclame
Le Malraux du coin, le verbe et la flamme
Refrain :
Pour peu qu’on nous mette dans la même tombe
Pour peu qu’on se prenne la même bombe
Pour peu qu’on nous mette… dans la même tombe
Pour peu qu’on se prenne… la même bombe
Si c’est pour les conn’ries qu’on débite
Qu’on nous condamne à la mort subite
Ainsi va la vie de notr’vécu
Pas baisant pour des juges convaincus
Une erreur judiciaire divine
Ça peut faire la Une de grands magazines
A titre posthume, la médaille en prime
Enfin la fortune, disque de platine
Refrain
En toute modestie en lettres d’or
Car il faut qu’ça brille même qu’on est mort
Sous la stèle y’a tous nos p’tites bouts d’corps
Un vrai puzzle pour vers omnivores
Pas près d’être reconstitués
Pas d’musée Grévin, pas d’éternité
J’me dis putain de nuit, c’qu’on était secoué
J’entends PUTAIN LOUIS, faut te réveiller
Refrain
En haut de la ruelle, une lanterne luit
On me dit qu’c’est l’bordel l’plus fameux du pays
C’est là que vont les hommes, que la mer n’a pas pris
Que les filles y foisonnent et plaisirs à bas prix
Sur le pavé humide, brillant au clair de lune
Enfin je me décide et trouve dans la brume
L’antre où se débrident les vertus de fortune
Où des amours hybrides s’enflamment, se consument
Dans les volutes bleues, se déhanchent les corps
Moi j’me dis qu’nom de dieu, j’ai quelques mois d’efforts
Sur un rafiot mafieux, viré de tous les ports
Putain comme c’est radieux l’bon côté du décor
Nul talent n’est de mise pour choper dans ce rade
Une blanche, une noire, une grise, du matos pas trop crade
A toutes je fais la bise, en sortant mes salades
Sachant que ma devise, c’est du blé d’la Barbade
Plus j’cause comme un crétin, plus j’picole comme un âne
Plus les gonzesses m’aiment bien, plus j’suis pote au barman
Et les mecs, mine de rien, ils ont tous la banane
Ça m’fera des copains, le cargo est en panne
Toujours pas une frangine, ou j’m’y prends comme un manche
Ce n’est pas faute de strings, j’ai l’slibard qui démange
Je fais sûr’ment trop clean, dans mon rayé sans manches
Mon foulard, mes piercings, mon bonnet et son ancre
Plus ma tune s’épuise, plus j’sens qu’y’a un malaise
Le reggae ça m’épuise, j’l’explique à un balaise
V’là qu’le grand ça l’défrise, i’m’soulève de ma chaise
Puis les p’tites s’mettent en crise, se transforment en tigresses
J’ai sans doute déconné, peut-être dit des gros mots
J’ai pourtant tout raqué, m’ont sorti par l’pal’tot
J’n’ai plus qu’à rembarquer, pas me tromper d’bateau
Si un jour j’peux rentrer, ben j’f’rai du pédalo
J’aim’rais tant vous adresser, quelques nouvelles du front
Mais sans conflit dans l’quartier, je vous l’fais en chanson
D’vant mon canon, peinard, au son du clairon
Il joue « Tiens v’là du boudin » ça m’rappelle la maison
Il nous l’envoie soir et matin, le midi nous chantons
« La Madelon » que’qu’part,
C’est le swing du troufion
Comme quoi la vie de militaire
C’est pas galère quand y’a pas d’guerre
On tue le temps à ne rien faire
On suit les ordres, prêt au devoir
Dans nos treillis, nos bottes, nos chars
On attend, l’défilé, comme tous les étés
Chaloupeurs, frères de la côte, du Rhône et de Provence
Riboteurs, princes de la glotte, icônes de la descente
Dans la moiteur, du soir, sonne l’heure du canon
Quelques rondelles de sifflards, olives et noix de cajou
Et que valsent les Ricards, Nénette, je rince le coup
Jusqu’à pas d’heure, l’espoir, la tournée du patron
Comme quoi dans la vie du poch’tron
Avant d’rentrer s’prendre un branlon
Une demi-caisse est de bon ton
C’est qu’accoudé à un comptoir
On trinque un peu avec Audiard
Mais la tronche du tôlier, t’rappelle qu’il faut y aller
J’ai croisé quelques princesses, qui aimaient sans détours
Des gueules d’anges sur paires de fesses, on embrassait l’amour,
Dans l’allégresse, queutard, j’ai donné dans l’canon
Puis les années ont passé, tout comme leur beauté
Moi-même j’ai laissé tomber mes cheveux en premier
J’ai des souv’nirs, de gloire, bordel c’que c’est bon
Comme quoi la vie du play-boy est éphémère, fini, destroyed
Dans le désert du lonesome-boy
Et t’es tout seul dans ton plumard
Avec ton parcours de clébard
T’as plus qu’à te brancher, sur Arte, ou…pioncer
C’est dingue les idées qui traînent, sous un bonnet d’marin
C’est un bourrier de phénomènes qui rend souvent crétin
Et qui résonne, bizarre, comme fait un canon
Comme quoi la vie du canonnier est assez peu récompensée
Très rar’ment canonisée
P’têt’ qu’aujourd’hui j’en ai trop vu
J’en ai mon trop-plein d’trous d’obus
Pour des adieux canons, faites chauffer les glaçons
Saigneur des mers, émergé des abysses
Taillé dans la pierre, insensible aux sévices
Libre comme l’air, j’apparais, je m’éclipse
J’envoie aux enfers quiconque me résiste
Avec mes frères, mes mat’lots, mes complices
Nous croisons le fer aux galères de Galice
Fils de tonnerre, d’la colère, d’l’injustice
Défiant l’univers, les dieux voire l’Antéchrist
Refrain :
Tout l’monde à bord, tout l’monde à bord, tout l’monde à bord
Chargés de vivres, de fûts gorgés de poudre
Les hommes s’enivrent, impatients d’en découdre
Nos abordages trahissent comme la foudre
Pas d’quartiers, pas d’otages, quand le sang nous recouvre
Aux îles d’ém’raudes à la nuit faisons route
Les métisses l’aube ne seront guère farouches
Et pour nos hôtes putains blanches et cartouches
Nous frères de la côte, gentilshommes et Jean foutre
Refrain (bis)
Vidons nos verres, nos calices dorés
Aux brumes d’hiver à ces bonnes majestés
Brûlons un cierge, les drisses sont parées
De toiles légères de liberté
Refrain (ter)
Te rappelles-tu ces filles sapées comme des reines
Pour qui on ramait mais qu’on se ram’nait quand même
Le goût de leur salive au sel de nos lèvres
Ça s’oublie pas, ça s’oublie pas…
Beautés fatales à nos faiblesses de jeunes mâles
Adieu la solde et bonjour l’carnet médical
Les p’tites avaient la bléno sentimentale
L’amour parfois, se montre ingrat, ça va de soi
Refrain :
Mercenaires,
Port d’attache en haute mer
Mercenaires,
Grandes gueules et bras d’fer
Mercenaires,
Cœurs d’argile, cœurs de pierre
Mercenaires, sheriffs et gangsters
En mémoire j’ai quelques vieilles bastons d’escale
Le burnasse éclatée, la tête blindée d’étoiles
Les potes qui se pointent et renvoient les mandales
Ca s’oublie pas, ça s’oublie pas…
Dans nos vie de lascars, de desperados
On a vu du voyous, du salaud, du craignos
On n’vaut pas mieux pour la tune on a fait l’dos
Pas fier de soi, enfin parfois, on est les rois…
Refrain
S’il existe ailleurs un autre job
Qui t’fasse bander dans l’plus crasseux bocson du globe
Où l’Ninas et les putes parfument les microbes
Je remets ça, je remets ça
J’ai quand même un peu d’mal à tourner la page
Tatoué jusque dans l’âme, mon parcours de sauvage
Héros pour certains, à jamais cette image
De renégat, de scélérat, de hors-la-loi
Refrain
Refrain :
Du vent, quand y’a du vent
C’est plus marrant, l’moteur c’est chiant
Un grain, ça fait du bien
Ça donne bon teint aux vieux marins
On m’avait dit
Monte à bord cap aux Antilles
Ya du rhum, et les p’tites sont jolies
J’ai dit oui, et j’ai mis
Un bonnet de Tabarlouis
Et après, j’ai vomi
Du vent, y’avait du vent
Limite marrant, presque un peu chiant
Un grain, même un bon grain
Et les refrains des chants d’marins
Dans ma couchette
J’regrettais ma camionnette
L’bar tabac, la fille d’la superette
Sur le pont, c’tait l’enfer
C’était la fête de la bière
J’ai rendu, tout parterre
Du vent, c’te putain d’vent
C’est pas marrant, carrément chiant
Un grain, un putain d’grain
Ça change le teint du pas marin
Pas vu la terre
J’suis resté dans ma tanière
La chaleur, les hauts l’cœur, quelle affaire…
Prisonnier d’ma bannette
Les yeux au fond d’la cuvette
J’ai revu mes rillettes
Du vent, bordel de vent
Plus que gonflant, qu’est c’que c’est chiant
Et c’grain, c’te fumier d’grain
Soir et matin, le grain ça craint
Voilà c’qu’en pense
Mon ventre de Fort-de-France
De c’rafiot à la con, des vacances
J’ai r’trouvé de l’allure
Mon cuir, mes potes de biture
Et je gerbe en voiture
Refrain ad lib
Un jour je pos’rai mon sac de toile usé
Sur un de ces quais noircis de crasse et de regrets.
A bord je laiss’rai une vie si cabossée
Peuplée de femmes légères, d’alcool et de fumée.
Refrain :
S’envoleront, mes souvenirs, les bons les pires,
Aux vents mauvais qu’ils s’en aillent à jamais courir.
Et puis mourir de solitude et du chagrin, de n’plus m’appartenir
Là, dans ma paillotte, noyée aux grands herbages
Mon matricule et mes bottes, mon éternel paqu’tage.
Une fille bientôt viendra m’offrir son âge
Me fera patriarche de magnifiques sauvages
Refrain
J’apprendrai la chasse, la terre et les saisons
Pour les festins de palace quand nos amis viendront.
Loin des mers de glace, des lignes de flottaison
Un brin fier ma vieille carcasse aura une vraie maison.
Refrain
La cime des grands arbres, rejoignant les étoiles
Seront flèches de cathédrale, solides mâts de grand-voiles.
L’or l’argent le marbre n’auront chance au grand bal
D’éblouir du moindre charme ce quai banni d’escale.
Refrain (bis)
On a fui la terre rêvant d’autres paradis
En disant au père : on reviendra c’est promis
Les larmes de notre mère, non, n’auront pas suffi
En quittant notre village, à quoi pensions-nous ?
Sûr’ment à quelques mirages, au-d’là des bayous
Sur les routes en pierres et le long des voies ferrées
Longeant les rivières on les traversait à gué
Les rires de mon frère nous faisaient tout oublier
On passait par des villages, tout couverts de boue
On passait pour des sauvages sortis des bayous
Une nuit soudain, les lumières d’une ville
Brillaient de si loin il y’en avaient cent ou mille
On a bu du vin et mis au feu à nos guenilles
En dansant comme au village, comme à la Saint Loup
Le grand bal du patronage au bord du bayou
Elles étaient si grandes, si longues, ces belles avenues
Les maisons géantes allaient au ciel et aux nues
Des femmes élégantes nous disaient même « bienvenue »
Pas du tout comme au village, les filles de chez nous
N’ont pas de rose au visage, sauf à la Saint-Loup
On a travaillé d’usine, d’usine en usine
Pris un atelier et acheté des machines
Et puis des immeubles, des commerces et des holdings
On est rentrés au village, pas peu fiers de nous
Retrouver les paysages, l’odeur du bayou
Nos parents, malgré leur âge dansent à la Saint-Loup
Et nous on fait les sauvages, dans l’eau du bayou
La brume s’accroche sur la lande
Pour quelques étranges sarabandes
L’immense plaine
Enfin sereine
Panse ses plaies, soigne sa peine
Les maîtres ont visé les légendes
Les hommes, leurs âmes dolentes
Prières anciennes
Batailles vaines
Que seules les pierres s’en souviennent
Refrain :
Siècles barbares, terre sauvage, terre de nos pères
Un sang d’espoir gonfle nos veines
Secrets d’histoire, de massacres, de colères
Peuple barbare oublie la haine
A trop tourner autour des flammes
Des bûchers punissant les femmes
Montaient les transes
Au gré des danses
Païennes où gloires de croyances
Sorciers abreuvant de leurs charmes
Les guerriers déposant les armes
Les fers de lances
Les guerres de France
Aux feux les gibets, les potences
Refrain
Le soleil perçant les brouillards
Fait briller la vie, les regards
Et la jeunesse
Belle de promesses
Aura ses titres de noblesse
Refrain
Au plaisir des dieux, ou fait du hasard
Entre nous deux, c’est trente ans d’histoire
Une fée s’est penchée, au-d’ssus d’nos guitares
Nous a confié à mister Renard
C’est plus qu’un parrain, c’est presque un frangin
On s’fait la bise, il dit tatatsin
Ça y est enfin, on est dans l’grand bain
Un pied dans l’show-biz et tout l’traintraintrain
Terminé, les galères, les plans miteux
Les baluches de misères pour les p’tits vieux
Les combis congénères de la guerre du feu
Et voilà qu’aujourd’hui toujours debout
On est là, on se dit qu’ça valait l’coup
Pour tout ça grand merci car c’est grâce à vous
Refrain :
Et ce soir, on va la raconter
Cette histoire que l’on a partagée
De sales gosses dev’nus enfants gâtés
C’est l’happy c’est l’happy bordée
C’est l’happy c’est l’happy bordée
Sûr que l’hexagone, on l’connaît par cœur
A faire le job, exploser l’compteur
Dans l’bus y’a nos pommes, nos potes les chauffeurs
Enquillant les bornes, la route du bonheur
On passe les frontières c’est qu’on nous connaît
Pour du gruyère, du Fendant bien frais
Ou bien Québec Air le drôle de Français
Poutine d’enfer, match de hockey
Nos colères, nos coups d’gueule un peu moins drôles
Nous ont mis g’nou à terre, au second rôle
Ça se paye, les humeurs quand t’as mal aux autres
L’important c’est de garder tête haute
Nos idées à deux balles en valent bien d’autres
Mais bordel c’que c’est bon même quand on se vautre
Refrain (bis)
Toutes ces années à jamais gravées
L’âme tatouée pour l’éternité
C’est quelques couplets pour nous rappeler
La complicité, la fidélité
C’est l’happy c’est l’happy bordée
C’est l’happy c’est l’happy bordée
Refrain